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« Lhomme a besoin de Dieu, sans quoi il demeure sans espoir »
Introduction à la deuxième encyclique du Pape Benoît XVI sur lespérance
chrétienne
Mgr Kurt Koch
Leschatologie, la doctrine sur les fins dernières, est essentiellement une
doctrine sur lespérance chrétienne. Le professeur de théologie Joseph
Ratzinger la illustré en 1977 dans un livre dont il écrit dans son
autobiographie « Ma vie. Souvenirs (1927-1977) » quil le considérait comme
son oeuvre la plus soufferte. Dans la préface à sa réédition écrite en tant
que Pape Benoît XVI, il affirme que ce livre devait son impulsion décisive
au fait que lespérance nétait alors perçue que comme action en état de
changer le monde, de laquelle devait surgir un « monde meilleur » : «
Lespérance apparut si politique, et sa réalisation dans les mains de
lhomme tout seul. Le royaume de Dieu, autour duquel saxe le christianisme,
serait le royaume de lhomme, le monde meilleur de demain ».
Par là est brossée aussi lorientation de cette deuxième encyclique, que le
pape Benoît XVI consacre à lespérance chrétienne, tandis que sa première
« Deus Caritas est » avait pour thème lamour. Puisque nous sommes tous
sauvés en espérance, comme dit lApôtre Paul, le Pape porte son regard sur
ces mots en titrant son encyclique « Spe salvi ». Pour lui, lespérance est
le fil conducteur de la foi chrétienne. Il reconnaît comme élément
caractéristi-que des chrétiens le fait « quils ont un avenir » : « cest
seulement lorsque lavenir est assuré en tant que réalité positive que le
présent devient aussi vivable ». Ainsi, le message chrétien sur lespérance
nest pas seulement un langage « informatif », mais « performatif », « qui
produit des faits et qui change la vie » (n° 2).
Dans la première partie du document, le Pape montre que la foi est «
substance » de lespérance et combien dans le Nouveau Testament et dans
lEglise primitive lespérance chrétienne était comprise comme attente des
biens à venir à partir dun présent déjà donné : « En présence du Christ,
avec le Christ présent, elle est attente que se complète son Corps, dans la
perspective de sa venue définitive » (n° 9). Lespérance chrétienne ne se
réfère pas à « quelque chose » tel un désir formulé pour lavenir, mais à «
quelquun », une Personne, Jé-sus-Christ, qui a apporté Dieu et donc la
véritable espérance à lhumanité. Lespérance chré-tienne nest ni une
utopie, ni un principe, mais une Personne.
Le Pape précise ultérieurement que lespérance chrétienne se réfère à la vie
éternelle. Il relève avec finesse le paradoxe de la vie humaine, à savoir
que lhomme dune part ne veut pas mou-rir, et dautre part ne voudrait pas
non plus vivre éternellement, sans fin. Ce paradoxe montre que nous ne
connaissons pas vraiment ce que pourtant nous espérons en profondeur et que
lexpression « vie éternelle » essaie de prénommer cette réalité « connue
inconnue ». La vie éternelle est en réalité une immersion de lhomme « dans
locéan de lamour infini, dans le-quel le temps lavant et laprès
nexiste plus » (n° 12).
Puisque lespérance chrétienne sest ainsi concentrée sur la vie éternelle,
on a reproché au christianisme dorienter son espérance vers un salut somme
toute individualiste. Le Pape vise ce reproche dans un chapitre à part. Non
seulement il montre que lespérance chrétienne soriente toujours vers une
réalité communautaire, mais il envisage la vraie raison de ce re-proche dans
la métamorphose de la conception chrétienne de lespérance dans les temps
mo-dernes, selon laquelle la rédemption et finalement le rétablissement du
paradis perdu ne sont plus attendus de la foi, mais de la science et de
laction politique. La foi dans le progrès scien-tifique se cristallise
comme nouvel habit de lespérance « chrétienne » : le Pape latteste dans
les développements de la pensée depuis Friedrich Engels en passant par Karl
Marx jusquà 2
Lénine, et argumente que leur véritable erreur est le matérialisme : « en
effet, lhomme nest pas seulement le produit de conditions économiques, et
il nest pas possible de le guérir uni-quement de lextérieur, créant des
conditions économiques favorables » (n° 21). Vis-à-vis de cela, lespérance
chrétienne se dévoile comme une magnifique défense de la raison et de la
liberté humaines.
Les grandes promesses des temps modernes ayant créé véritablement des
structures inhumai-nes et révélé des mythes idéologiques, il est désormais
possible dindiquer la « vraie nature de lespérance chrétienne ». A côté de
petits et grands espoirs, dont lhomme a besoin chaque jour pour garder son
chemin, la toute grande espérance ne peut quêtre Dieu, qui intègre le tout
et peut donner à lhomme ce que celui-ci ne pourrait pas se donner par
lui-même : « la vraie, la grande espérance de lhomme, qui résiste malgré
toutes les désillusions, peut être seulement Dieu le Dieu qui nous a aimés
et qui nous aime toujours jusquau bout, jusquà ce que tout soit
accompli » (n° 27). Cest pourquoi, ce ne sont pas la science et la
pratique politique à racheter lhomme, mais exclusivement lamour.
Dans la dernière partie de son encyclique, le Pape expose ce que veut dire
espérer chrétien-nement dans la vie véritable, et présente des lieux
concrets dapprentissage et dentraînement de lespérance. Il voit ces lieux
non seulement dans la prière, mais également dans lagir et le pâtir de
lhomme, dans la mesure où celui-ci se sait soutenu par la « consolation de
lamour compatissant de Dieu » con-solatio dans le sens originaire du mot.
Mais le lieu décisif dapprentissage et dentraînement de lespérance est le
regard porté sur le Jugement final, car une justice pour tous ne peut être
rétablie finalement quà partir de ce Jugement surtout pour ceux et celles
qui ont souffert et dont la dignité a été blessée. La foi dans le Jugement
final nest pourtant pas assortie dimages terrifiantes, elle est, en
première ligne, Evangile et Espé-rance : dans la figure du Christ souffrant,
« qui partage la condition de lhomme abandonné de Dieu » (n° 43), Dieu
lui-même montre son vrai Visage et amalgame jugement et grâce à ce que
justice soit faite pour tous les hommes.
Un regard vers Marie, étoile et mère de lespérance, parachève lencyclique.
En donnant son oui, Marie a ouvert à Dieu les portes de notre monde et
reconduit devant nos yeux le but de notre espérance. Dans son encyclique, le
Pape non seulement rappelle la dimension eschato-logique élémentaire de la
foi chrétienne, mais il donne aussi un bel exemple de ce que notre foi peut
apporter de basique dans un monde empreint de pluralisme et de
relativisme. Son message se garde de nannoncer que des injonctions et des
interdits. Au contraire, le Pape énonce la beauté de la foi chrétienne et
ainsi évoque les points forts du programme quil avait lui-même formulé dans
une longue interview précédant son voyage apostolique en Bavière: « Le
christianisme, le catholicisme, nest pas une somme dinterdits, mais une
option positive. Et il est très important que cela soit à nouveau visible,
car aujourdhui, cette conscience a presque totalement disparu. On a
tellement entendu parler de ce qui nétait pas permis, quil est nécessaire
aujourdhui de dire : nous avons une idée positive » (entretien du 5 août
2006). Toute son encyclique est portée par cette conviction fondamentale sur
lespérance chrétienne.
Lencyclique sera délibérément signée par le Pape et publiée le 30 novembre,
fête de Saint André. André, frère de Pierre, est le saint patron du siège de
lEglise orthodoxe à Constanti-nople et il est honoré dans la liturgie
byzantine par lappellation de « Protóklitos » (le premier appelé). Comme
Pierre et André ont vécu une relation fraternelle, ainsi lEglise de Rome et
lEglise de Constantinople se comprennent comme Eglises soeurs et se rendent
visite mutuel-lement lors de la fête de leurs saints patrons respectifs. En
publiant son encyclique le jour de Saint André, le pape Benoît XVI exprime
la grande espérance quune pleine communion ec-clésiale et eucharistique
soit finalement rétablie entre les deux Eglises. De fait, lespérance
chrétienne doit être promue en esprit oecuménique, si elle veut être
crédible dans le monde actuel.
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Walter Müller
Pressesprecher und Informationsbeauftragter der SBK
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